Une pour toutes, et tous contre elle

Le jour où des femmes vous crieront aux 4 coins des rues « violeurs » et qu’en plus, vous n’avez rien fait. Le jour où elles, nous, vous lancerons des pierres dessus quand vous marchez dehors. Le jour où nous vous insulterons parce que vous êtes hommes. Le jour où nous vous interdirons de sortir de la maison et vous imposerons un couvre-feu et un état d’urgence perpétuel où il sera formellement interdit de sortir après le coucher du soleil, et surveillerons vos moindres mouvements. Le jour où nous vous coloniserons vos corps, le jour où nous ferons des campagnes de lynchage contre vous, le jour où nous vous imposerons un voile et que si vous ne le portez pas nous vous accuserons de tous les maux de la société, et que si vous le portez nous vous accuserons quand même, le jour où nous aurons le double de l’héritage que vous, le jour où l’on vous assassinera parce que vous êtes nos propriétés. Ce jour-là, plaignez-vous hommes d’être « attaqués par une femme sur une vidéo ». Ou en vrai, elle ne dénonce que vos actes.

Si vous vous sentez visés, c’est que vous êtes concernés par ces propos, sinon, si vous connaissez l’ampleur de ce que votre sexe fait subir au notre, votre masculinité n’en sera guère touchée, car elle se définit au delà du contrôle et de l’oppression de nos corps et de notre être. Etre contre toute cette misogynie fait de vous des êtres normalement constitués. Par contre, se moquer, insulter, appeler à violer, à buter une femme qui dit que les hommes algériens nous violentent, ne confirme que ce qu’elle dénonce. Que vous n’êtes que le reflet abject de la misogynie que nous subissons. « Pas tous les hommes », nous n’allons pas à chaque fois citer votre nom, prénom et date de naissance pour dire que vous êtes gentil, on a d’autres choses à faire comme nous battre pour exister. Donc mat3ayounach.Vous voulez qu’on parle avec politesse quand vous, vous taisez, ou pire participez à nous insulter, à nous violer, et à nous tuer ? Je me réserve le droit d’être la plus impolie si c’est ça la politesse. Je me réserve le droit de ne pas juste sourire et rire à vos blagues qui ne font rire que vous, et m’arrache le droit d’être une humaine qui crie et qui insulte votre injustice.

Contexte : Le 01er octobre 2020, Chaima Sadou, 19 ans, est torturée, assassinée et brûlée à Boumerdes (Algérie) par un homme qui l’avait violée 4 ans auparavant, et contre lequel elle avait déposé plainte. Suite à ce féminicide, Mounia Benfeghoul, actrice algérienne, a publié une vidéo où elle dénonce les violences contre les femmes en Algérie. Une grande partie de la société se retourne contre elle, l’accuse d’être « moutabaridja », dévergondée, et appelle à la violer, à la torturer et à la tuer.

Laisser un commentaire